Qui avait dit que les hommes ne pouvaient pas prendre soin de leur corps n'avait jamais entendu parler de Max Caldeen. L'homme-femme, en quelque sorte. Celui qui se laissait bichonner avec plaisir, qui prenait soin de chaque parcelle de lui-même et qui ne manquait pas une occasion de prouver à tout le monde à quel point il frôlait la perfection. Que suis-je bête. Il était la perfection incarnée. Ce jour-là était inscrit à l'horaire de Mr Caldeen comme un rendez-vous au Zen Area. Au menu? Massage, épilation complète -il avait toujours été un peu masochiste mais préférait donner comme raison qu'il avait horreur du poil- et probablement séance de matage des déesses qui auraient la chance de se trouver sur son chemin. Il ne se passait pas une journée, pour être franc, où Mr Caldeen ne profitait pas de tout ce qui était offert dans le complexe sans s'ajouter sur son compte quelques jeunes femmes avec qui il passait soit du bon temps ou discutait pour récolter un numéro de téléphone. Et ce jour-là ne ferait probablement pas exception à la règle. Il était sorti de son appartement tôt le matin sans avoir mangé autre chose qu'un pamplemousse venu d'un pays qu'il n'avait pas trouvé sur la carte du monde virtuelle de son Blackberry et s'était illico dirigé vers le spa, sa trousse complète avec lui. Une véritable valise sur un des sièges arrière de la voiture, Maxim Caldeen était tout à fait prêt à se faire 'massacrer' comme certains auraient jugé bon d'appeller l'épilation. En général il le faisait au laser, mais comme il était mauvais de le faire trop souvent il s'était résolu à la cire. Qui n'était pas si terrible que ça, en fin de compte, avait-il jugé.
Il avait ensuite été massé, trois femmes à son service, quel homme n'en aurait pas rêvé? Max avait l'habitude pour sa part d'avoir droit à ce genre de harem lorsqu'il venait au Zen Area. Les filles avaient venté son torse musclé, lui avaient répété qu'il devait absolument se faire bronzer un peu, qu'il avait toujours une peau aussi parfaite, que son épiderme était de rêve et tout un tas de compliments qu'uniquement des masseuses ou des esthéticiennes peuvent bien entendu vous dire. Il y était indifférent, contrairement à la plupart des gens qui auraient entendu ces compliments, mais depuis le temps qu'il venait au Zen Area, il commençait à connaître leur texte parcoeur et se contentait de les amuser en parlant de tout et de rien avec les jeunes femmes niaises qui s'occupaient de le dorloter. Roulant des yeux pour la énième fois, il avait fixé l'horloge en se demandant s'il ne devrait pas demander à voir d'autres masseuses la prochaine fois. Il se promit d'en discuter avec la direction, car il commençait à être lassé des bavardages incessant des cinq clônes qui avaient tous des noms qui finissaient en A et qui avaient toutes la même voix et le même petit rire qui rappellait les filles blondes que l'on voyait trop souvent sur MTV.
Il avait pris la peine de déjeuner, mais à la hâte car en voyant son horaire il n'avait pas tant de temps que ça pour le faire. Il voulait profiter de la journée un maximum, même s'il ne faisait jamais que ça, et se demandait ce qu'il pouvait bien faire pour son après-midi. Après avoir hésité un instant entre les jacuzzis et le sauna, il s'était dirigé vers la deuxième option, une simple serviette cachant l'essentiel. Il n'était pas très pudique et l'aurait probablement enlevé s'il n'avait pas réalisé en entrant dans la petite pièce qu'il n'était pas seul. Ce fut en retenant un air surpris qu'il resserra la serviette autour de sa taille, montrant son torse finement sculpté, résultat de plusieurs heures d'entraînement au gym dont il avait le secret. Il avait un entraîneur privé qui s'occupait de faire ses horaires, mais c'était un détail et on s'en fiche de toute façon. Ainsi donc, il venait d'entrer dans le sauna, réalisant qu'il n'était pas seul mais bel et bien accompagné d'une jeune femme très belle, probablement aussi très désirable. Mais ce n'était probablement pas le temps pour laisser aller son imagination, c'est pourquoi il se contenta de lui rendre son sourire, poliment, s'asseyant lui aussi sur un banc en bois, face a la jeune femme. Pour ne pas paraître coincé, il ouvrit la conversation.
"Vous avez de la chance que je vous aies remarquée, j'étais à quelques secondes d'enlever la serviette."
Il lui adressa un sourire moqueur, vérifiant la température indiquée sur le cadran au mur. Il pouvait rester longtemps, après tout il était certainement en très bonne compagnie...